Les morts le diront de Christophe Garda

Bonjour à tous !

Il y a un an, une vente privée des éditions Prisma m’a permise d’acquérir ce roman à un tout petit prix, je n’avais donc pas hésité. Pourtant, à l’époque, le genre contemporain n’était pas trop ma tasse de thé, mais je ne regrettais pas du tout mon achat. J’ai décidé de le lire, afin d’entrer en compte dans le challenge 1 mois/1 consigne, pour lequel il faut lire un roman historique. Car oui, il est classé dans les contemporains, mais sur un fond de printemps de Prague.

« Andreï, (…) si tu veux me dire quelque chose d’important, mon vieil ami, et ce doit être important pour que tu viennes me chercher dans mon lit au milieu de la nuit, alors je t’écoute…
— Je veux me remettre à sculpter, Viktor, et j’ai besoin de toi.
— Te remettre à sculpter ? C’est assez incroyable comme nouvelle. C’est une idée formidable. Seulement, je ne comprends pas. Tu as besoin de moi au milieu de la nuit pour ça ? Il y a autre chose, non ? »

les morts le diront christophe garda

L’art n’est pas du tout mon domaine, je n’y comprends par grand chose et suis relativement insensible à la beauté des œuvres exposées dans les musées. Je voue plutôt un amour aux mots, quand il s’agit de les lire, et Christophe Garda a su utiliser cet amour pour m’embarquer dans une aventure artistique incroyable. En effet, l’histoire tourne autour de Viktor, qui gère plusieurs galeries d’art dans le monde, et est le chaperon d’Andrei Zerkin, son plus vieil ami, à qui il a su communiquer son amour pour l’art. Viktor est tchèque, né sous le joug de la politique soviétique, et c’est ainsi qu’il a pu rencontrer Andrei, un polonais qui avait profiter de la politique internationale communiste pour passer ses vacances chez Babou, la grand-mère de Viktor. Une fois jeunes adultes, à la fin des années soixante, Viktor et Andrei vont étudier les Beaux-Arts à Prague avec un groupe d’amis, avant que l’URSS ne vienne semer la terreur. J’ai beaucoup apprécié les personnages du groupe, notamment Veronika et Anna, car ce sont les deux femmes les plus présentes.

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Photo emblématique de la fin du Printemps de Prague

Je crois que, pour bien parler de ce roman, il faut en faire un court résumé personnel. Après avoir pris un appel d’Andrei, sculpteur désabusé, au milieu de la nuit, Viktor va s’engager à lui trouver 4 modèles pour sa dernière oeuvre. Pour cela, il va aller à Paris avec Veronika, devenue sa conjointe, et revivre sa jeunesse à travers ses souvenirs en partant à la recherche de 4 jeunes femmes. Ce roman nous livre Viktor, mais aussi Veronika, à travers leurs souvenirs, leurs secrets. C’est un voyage en soi, pour chacun d’eux, une redécouverte de la beauté, et de la vérité. J’ai beaucoup aimé la spiritualité qui ressortais de ce roman. En effet, le titre n’est pas anodin : « Les morts le diront ». L’auteur donne la parole aux êtres chers décédés, qui sont une sorte de projection de la conscience des personnages. Certains autres personnages peuvent d’ailleurs voir ces fantômes, et je m’imaginais cela comme une métaphore de la lucidité des vivants, de telle façon a ce qu’ils voient la vérité qui se cachent en eux. C’est assez difficile a expliquer, mais la prise de parole des défunt entre parfaitement dans le roman et ne m’a pas du tout dérangée, c’était très réaliste.

Citation Les morts le diront

J’ai énormément appris à travers cette histoire, fictive. Elle alterne entre la Tchécoslovaquie soviétique et notre époque moderne, mais aussi entre l’Est et l’Ouest. Les seuls romans sur le sujet que j’avais lu se situaient en RDA, mais jamais au delà. Sauf qu’il y a eu de nombreux autres peuples annexés, opprimés par le communisme de la guerre froide, jusqu’à la chute du mur de Berlin, qui marque un tournant de l’histoire européenne. Je ne connaissais pas du tout l’histoire du printemps de Prague, qui a permis, le temps d’un semestre, à la population de se libérer d’une emprise politique constante. Liberté d’expression, liberté de la presse, c’était nouveau et rafraîchissant pour les jeunes artistes de l’époque, comme Viktor et ses amis. Mais cela ne dura qu’un printemps, et en août 1968, les troupes russes vont envahir la Tchécoslovaquie, renverser le régime, et créer ainsi une vague d’immagration vers l’Ouest, tant que c’est possible, via l’Autriche. Nous avons dans ce roman le point de vue des fuyards, mais aussi de ceux qui sont restés et ont du se cacher, car ils ne rentraient pas dans la politique de « normalisation » de l’URSS. On apprend donc énormément sur ce sujet là, avec l’amitié et l’amour comme point d’encrage.

Ce roman m’a donc ouvert à de nouveaux sujets historiques que je ne connaissais pas du tout, mais m’a également entraîner sur le chemin de l’art grâce à l’amitié et à l’amour des personnages. Je ressors grandie par cette lecture, que je ne peux que conseiller aux amateurs du genre contemporain, qui ont envie d’être touchés par une histoire différente des autres.

1 mois 1 consigne 2016

8 réflexions sur “Les morts le diront de Christophe Garda

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  4. Bonjour et merci pour cette belle note de lecture sur laquelle je suis tombé par hasard. Il faut également voir dans ce roman une occasion pour Viktor, et donc pour le lecteur, de se replonger dans ces rêves de jeunesse. Viktor se rêvait artiste, la vie l’a fait marchand d’art. en répondant à l’invitation d’Andreï il peut, alors que sa vie se termine, vivre ce qui était sa passion. Ne jamais laisser tomber ses rêves.
    Christophe GARDA

  5. C’est un très grand plaisir pour un auteur de découvrir le ressenti des lecteurs.
    Je suis très touché par votre analyse.
    Christophe Garda

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