Sublime Royaume de Yaa Gyasi

Bonjour à tous !

Grâce aux éditions Calmann-Levy ainsi qu’à Netgalley, j’ai eu la chance de pouvoir découvrir le nouveau roman Yaa Gyasi, l’autrice de No Home, qui est paru la semaine dernière. Un grand merci à eux pour cette découverte !

Gifty, américaine d’origine ghanéenne, est une jeune chercheuse en neurologie qui consacre sa vie à ses souris de laboratoire. Mais du jour au lendemain, elle doit accueillir chez elle sa mère, très croyante, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même et reste enfermée dans sa chambre toute la journée. Grâce à des flashbacks fort émouvants, notamment sur un frère très fragile, nous découvrons progressivement pourquoi la cellule familiale a explosé, tandis que Gifty s’interroge sur sa passion pour la science si opposée aux croyances de sa mère et de ses ancêtres. ?

Je vous préviens tout de suite : j’ai adoré cette histoire très profonde. Yaa Gyasi nous propose une protagoniste très humaine, Gifty, et ce nom n’est pas anodin je trouve. Je n’ai pas trouvé sa signification ghanéenne, puisque les parents de la jeune femme viennent du Ghana, mais en anglais le mot « Gift » en ressort, et je trouve qu’il lui va très bien. « Gifted » veut dire très intelligent, et c’est ce qu’elle est. Son histoire est celle de sa construction avec ses parents immigrés aux USA, avec un grand frère que la vie ne va pas épargner, avec Dieu, présent partout, que ce soit dans son éducation ou dans son cœur. Elle écrit à ce dernier, ce qui fait presque de lui un protagoniste à part entière, et j’ai trouvé cette position très intéressante. J’ai énormément apprécié la jeune femme, son intelligence mais aussi sa sensibilité qu’elle se force à réprimer pour tenir le poids que lui a imposé la vie.

L’autrice aborde de nombreuses thématiques à travers le récit de la jeune femme, et cela m’a beaucoup touché mais aussi énormément questionné. Elle nous raconte son enfance, très pieuse, avec un père malheureux en tant qu’immigré et une mère qui travaille avec acharnement pour faire subsister la famille. L’addiction, le deuil et la dépression sont des thématiques centrales à l’histoire, ce qui m’a beaucoup ému. Mais surtout, l’autrice mêle avec brio des questionnements spirituels à des recherches scientifiques, et ce débat et parfois cette communion intérieure entre sciences et religion de Gifty m’ont vraiment plu. Elle ne fait pas que poser des questions, elle cherche des réponses à celles-ci et pousse la réflexion assez loin, alors que le roman ne fait que 300p. et se lit tout seul.

« Notre cerveau est à la fois notre cœur qui ressent et notre esprit qui pense et notre âme qui est. »

Cela dit, il y a un côté lugubre qui accompagne ces thématiques, forcément. Gifty ne saute pas de joie et n’est pas une personne toute guillerette. Elle essaye de se reconstruire en apprenant à faire confiance aux gens mais c’est difficile. Son introspection n’est pas vraiment un récit psychologique, et pourtant, il en a la qualité. C’est le genre de roman a lire avec un thé et un feu de cheminée (que ce soit un vrai ou sur la TV), de part son côté sombre et calme. Il n’y a pas vraiment d’action ou d’humour, mais il est profond et philosophique, couplé à une très belle plume, et c’est vraiment ce que j’espérais en l’ouvrant, je ne suis donc pas du tout déçue.

La plume et le récit de Yaa Gyasi sont pour moi une très belle découverte. Ce roman philosophique et psychologique est une belle introspection et se lit rapidement tout en stimulant notre intellect. J’ai adoré, et cela me poussera à découvrir son premier roman bientôt, je pense.

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