Motel Lorraine de Brigitte Pilote

Bonjour à tous !

Avant toute chose, je remercie les éditions Michel Lafon pour l’envoi de ce roman, et je m’excuse du retard de cette chronique. J’ai donc décidé de le lire d’un coup dimanche dernier, ce qui se laisse faire très facilement.

Nous sommes en 1977. Sonia, diseuse de bonne aventure, fuit Montréal avec ses deux filles, Lou et Georgia, pour trouver refuge à Memphis, dans la chambre 306 du motel Lorraine, inoccupée depuis ce fameux 4 avril 1968 où Martin Luther King y a été assassiné. Elles partageront leur destin avec la sublime Alabama, Jacqueline Smith, femme de chambre au Lorraine, Grace DePriest, directrice de la chorale d’une petite église baptiste, ou encore Lonzie, le repris de justice devenu photographe pour son ami Aaron. Chacun à sa manière, ces personnages aux destins croisés incarnent le rêve d’égalité pour lequel le révérend King a donné sa vie. Mais quel poids auront leurs ambitions et leurs gestes dans cette Memphis encore marquée par les divisions raciales ? Les secrets de chacun resteront-ils bien gardés ? Et enfin, pourquoi Sonia s’est-elle enfuie avec ses enfants ?

Je me suis lancée dans cette lecture sans avoir lu de chronique à son sujet, et sans aucun a-priori. Très honnêtement, je ne me souvenais même plus du résumé ! C’est ainsi que je me suis trouvée plongé dans la vie de Lou et Georgia, deux adolescentes africaines-américaines d’origine canadienne qui vivent au Motel Lorraine, là où Martin Luther King a été assassiné. Je trouve honnêtement que le personnage principal du roman est le motel lui-même. Il entoure nos protagonistes, il façonne leur vie depuis ce jour tragique, il a changé la réputation de Memphis, qui semble bien petit dans l’histoire, il a donc une incidence sur chacun. Tous les personnages prennent la parole, à travers une construction un peu particulière qui peut déstabiliser. Pour ma part, elle ne m’a pas du tout dérangé, ma lecture était d’autant plus rapide et fluide, et j’ai aimé découvrir les perspectives qu’ont tous les personnages. J’ai été notamment très choquée par Sonia, autant dans le regard de sa fille Lou, que celui qu’elle porte sur elle-même, et bizarrement, lorsque Georgia parlait d’elle, je la voyais d’une façon entièrement différente. J’aime quand je suis amenée a revoir ma façon de juger les personnages, ce qui a été le cas ici.

Nous avons donc un aperçu de nombreuses tranches de vie. Lou, Georgia et Sonia sont en premier plan, parce qu’elles sont au cœur de l’histoire, mais nous rencontrons personnellement presque tous les personnages Avec lesquelles elles communiquent et nous en apprenons plus sur eux. Au centre de leurs préoccupations, la ségrégation raciale. Je trouvais la pluralité des personnages d’autant plus justifiée. Certains acceptent cette « condition » dans laquelle ils sont casés, d’autres, comme Lonzie par exemple, vont dans les extrêmes pour défendre les droits humains auxquels ils ont droit. De manière générale, en participant à la vie active de la communauté de Memphis, que ce soit par le chant, par la photographie, par l’écriture, ou même « simplement » par la parole, tous permettent de faire avancer les mœurs, une petite pierre à la fois, mais cela permet de mettre en évidence que chaque voix compte.

En fait, je trouve que ce roman est vraiment abordable. Chaque personnage a sa propre psychologie, même si en 250 pages, aucun n’est approfondie a 100%. J’aurai par exemple aimé en savoir encore plus sur Lou. Mais d’un autre coté, je trouve qu’il permet d’aborder le sujet de la ségrégation raciale de façon historique, comme actuelle, et je le conseillerais a quelqu’un qui ne s’est pas encore intéressé au sujet ou qui ne lit pas beaucoup mais qui souhaiterait découvrir un roman. Un adolescent pour un cours d’histoire par exemple ! Et les trois jeunes femmes de l’histoire peuvent peut-être permettre a des adolescents de s’identifier à elles, étant donné que les problématiques de leur âge, comme l’amour, la beauté, ici l’anorexie, la puberté et le passage d’enfant docile à jeune fille qui assume ses envies et ses désirs sont également exploitées.

Brigitte Pilote aborde de nombreux sujets grâce à Motel Lorraine, principalement la ségrégation raciale et les conséquences du combat de Martin Luther King sur la ville de Memphis. Je les ai trouvé bien exploités et pour ma part, j’ai adhéré au rythme et à la structure, un peu particulière, du roman. En bref, j’ai bien aimé.

 

4 réflexions sur “Motel Lorraine de Brigitte Pilote

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